En 1954, la toute nouvelle compagnie montréalaise Beaurivage Gardens Ltd.
acquiert les lots 20 et 21 propriété du cultivateur Joseph
Aimé Aubertin dans l'est de la ville.
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Dès 1955 la compagnie lance son projet et construit des dizaines de maisons.
Un article du journal Le Courier du Sud illustré à droite montre que le promoteur
ambitionnait de développer, à termes, un total de 4000 lots et qu'il prévoyait
«la construction d'écoles catholiques et protestantes et l'aménagement d'un
centre d'achats.» On verra que le projet de la compagnie aura été plus modeste.
Beaurivage Gardens Ltd. fait paraître des annonces dans
différens journaux comme La Presse où elle offre des maisons déjà construites et aussi des terrains disponibles à des constructeurs indépendants.
Selon les publicités, différents modèles sont proposés à des prix de 9950$ avec paiement initial de 750$ ou bien 8975$ avec un paiement initial de 500$.
La construction des maisons est exécutée par la compagnie Smith Building Services Ltd.
Lotissement et aménagement urbain
À l'époque, la Ville n'a pas encore de plan d'aménagement et c'est donc le promoteur qui soumet son propre plan de lotissement. Ce n'est qu'en 1967 que Boucherville adoptera son premier plan d'urbanisme.
Entre les deux rues parallèles De Montmagny et De Monts, le territoire est
subdivisé en quelque 230 lots de 60 pieds sur 100. Une trame orthogonale
classique constitue des îlots rectangulaires délimités par les rues
transversales.
Parce que son implantation a été réalisée à partir d'une terre agricole vierge,
la végétation actuelle est le fruit de l'aménagement que chacun des
propriétaires successifs a fait de son terrain privé.
Architecture
Des 231 lots que Beaurivage Gardens Ltd. détenait, elle en a vendu une trentaine à des constructeurs indépendants comme les compagnies Latraverse et Frères de Sorel et Smith Building Services Ltd de Montréal.
La compagnie proposait cinq modèles de maison: un bungalow n'occupant qu'un seul niveau et quatre autres construits sur un niveau et demie qu'elle appelait des split-levels.
Un modèle mérite une attention particulière puisque quatre-vingt-quatre
(84) maisons du développement correspondent à ce modèle soit 40% de l'ensemble .
Ces maisons correspondent en fait au
modèle 753
du catalogue de plans de petites maisons que la Société d'hypothèques et de
logements (SCHL) avait mis à la disposition des constructeurs et futurs
propriétaires de maison à partir de 1946. On pouvait se procurer un jeu de plans
complet pour la somme de 10$.
Elles étaient souvent qualifiées de back-splits. en raison de leur configuration,
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Il s'agit d'un plan sur un niveau et demie. Le séjour et la cuisine sont au rez-de-chaussée dans la moitié avant de la maison alors que les 3 chambres et la salle de bain sont sur un niveau plus élevé dans la partie arrière de la maison. Au sous-sol, la partie avant n'a que quatre pieds de hauteur alors que dans la partie arrière le plafond est à 8 ou 9 pieds.Cliquez sur l'image pour d'autres photos
Des constructeurs indépendants.
Comme il l'avait annoncé, le promoteur Beaurivage Gardens Ltd. vendait aussi des terrains à des constructeurs indépendants.
Une trentaine de maisons de l'ensemble ont donc été construites par les firmes Latraverse et frères de Sorel, Winrite Home Redg. et Smith Building Services Ltd.
Ces compagnies ont utilisé les modèles proposés par le promoteur que nous avons décrits plus haut notamment le populaire et très abordable modèle 753. Ils ont aussi proposé un modèle très simple de bungalow assez semblable au modèle 231 de la SCHL dont on trouve quelques exemplaires sur les rues Louis Lacoste et de Monts.
Écoles
Avec l’augmentation rapide de la population du quartier, le nombre d’écoliers s’était évidemment accru et en 1959 débutent la construction de non pas une, mais deux écoles. Rappelons aussi que les commissions scolaires de l'époque étaient linguistiques et confessionnelles.
L’école Louis-Hyppolite-Lafontaine pour les francophones et la Boucherville Protestant School pour la communauté anglophone protestante furent ouvertes en 1960.
Avant leur ouverture, comme dans le plupart des nouveaux quartiers en développement, on aménage les classes des plus jeunes dans des maisons ou autres édifices disponibles.
Les plus âgés féquentaient les écoles Sacré-Coeur et Marguerite-Bourgeoys. Dans cette dernière, quelques classes étaient occupées par des élèves anglophones catholiques. En 1963, elle leur est exclusivement réservée.
Plus tard la Boucherville Protestant School est devenue la Boucherville Elementary School et desservait la population anglophone tant protestante que catholique.
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Églises
Dès 1961 , la paroisse Saint-Sébastien est créée. Le nombre de paroissiens s'accroit très rapidement et en 1965, l'église Saint-Sébastien est construite sur un terrain cédé par la firme Les Immeubles Boucherville Inc. C'est l'architecte bouchervillois Léopold Langevin qui en a conçu les plans. Pendant les travaux, des messes et des baptêmes sont célébrés à l'école Louis-Hyppolite-Lafontaine.
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La communauté anglophone se dote elle aussi d'institutions religieuses.
Le 11 juin 1961 la Boucherville United Church est créée afin de desservir les fidèles protestants. Les premières activités de la communauté ont lieu dans l'école Boucherville Elementary School. En 1962, un temple est construit, au 765, rue Pierre Piché à Boucherville. Neuf ans plus tard, en septembre 1971, la Boucherville United Church cesse ses activités pour cause de manque de membres actifs. L'église ferme officiellement en mai 1975.
De son côté, depuis 1965, la communauté catholique anglophone était regroupée au sein de la paroisse Holy Cross Parish et la plupart de ses offices religieux avaient lieu à l'école Marguerite-Bourgeoys et la chapelle de l'école Sacré-Coeur du village. En 1976, la fabrique acquiert le bâtiment qui servait de temple à la communauté protestante et en fait sa chapelle.
Commerce
Comme dans toutes les nouvelles banlieues d'Amérique du Nord, les zones commerciales étaient détachées des zones résidentielles. La traditionnelle rue commerciale des villes et villages d'auparavant est remplacée par le centre d'achats.
En 1960, est inauguré le Centre d'Achats Boucherville, le premier de la ville. Il était itué rue de Varennes, entre les rues Pierre-Viger et Benjamin-Loiseau.
On y allait pour faire les courses au IGA, choisir son collier à la bijouterie LEBEL, un gâteau à la patisserie MONACO, faire ses transactions à la SCOTIA BANK, habiller les enfants AUX GAMINS, acheter tissus et patrons chez FRANCE ET HÉLÈNE, être coiffé au SALON YVETTE ou chez les barbiers PIERRE et ANTOINE, se chausser à la cordonnerie FRANK, passer chez le nettoyeur ARISTO et trouver de tout chez JAZZAR'S.
Et aussi, jouer 3 parties de quilles pour 0.75$ au BOWLING BOUCHERVILLE ou se rendre au casse-croûte LA PARMENTIÈRE.
À la fin des années 1960, le centre d'achats prend le nom de Place Boucherville.
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