de village à banlieue un bungalow c'est... médiagraphie contact

De la Broquerie
à
la Seigneurie


Au milieu des années 1950, une firme de construction menée par deux jeunes New-Yorkais installés à Montréal a construit autour du parc de la Broquerie une quinzaine de maisons plain-pied de type bungalow.
Ce petit ensemble sera à l'origine du développement d'un grand secteur de Boucherville nommé aujourd'hui La Seigneurie.

La Broquerie, où est-ce?

Le secteur est compris entre la rue Marie-Victorin et la voie ferrée du CN. Il s’étend d'une part à l'est du parc de la Broquerie dans les rues Jean-Cadieux et de la Broquerie et, d'autre part à l'ouest, dans les rues Marguerite-Bourgeois, Jean-Vinet et Louis-Robert.

la Broquerie

La Broquerie, un peu d'histoire

Un article du journal La Relève du 8 juin 2018 présentait un bref historique du site de l'actuel parc de la Broquerie et des «ruines» qu'on y trouvent.

« Boucherville n’est ni Rome ni Athènes, mais elle a aussi ses ruines, porteuses de trois cents ans d’histoire. Elle a un devoir de mémoire envers celle-ci et de protection envers ces pierres », estime la présidente de la Société du patrimoine de Boucherville, Madeleine Parenteau.

Pour la deuxième fois en 24 ans, des travaux de restauration des vestiges de la Villa La Broquerie sont devenus nécessaires. La Société du Patrimoine de Boucherville s’est associée à la Ville afin d’entreprendre une restauration qui respectera l’authenticité architecturale des lieux et assurera sa pérennité.
Présente au Déjeuner du maire le 2 juin dernier, Mme Parenteau a fait un survol historique de ce que fut ce bâtiment en pierre dont il ne reste que quelques vestiges. En 1697, Jacques-Charles de Sabrevois, époux de Jeanne, fille de Pierre Boucher, devient propriétaire de ce coin de terre. Son fils Charles y construira un manoir nommé Château Sabrevois, 38 ans plus tard. Les Sabrevois ne l’habiteront pas mais ils en demeureront propriétaires jusqu’en 1779.
Ce sont plutôt les Boucher de la Broquerie qui en seront les occupants et en deviendront les possesseurs jusqu’en 1882. À cette époque, Mgr Alexandre Taché, fils d’Henriette Boucher de la Broquerie–Taché, hérite du domaine et le cède aux Jésuites cinq ans plus tard. Ceux-ci l’utilisent comme résidence d’été avant d’y tenir plus tard des retraites fermées. Les nouveaux propriétaires nomment alors le bâtiment ancestral Villa La Broquerie en mémoire de la mère de Mgr Taché.
En 1952, les Jésuites y cessent leurs activités. Il faudra ensuite attendre jusqu’en 1974 pour que la Ville acquière le site. Durant la décennie ’70, le bâtiment a été détruit à la suite de vandalisme; voilà pourquoi il n’en reste que des ruines[...]

L'article complet est ici.

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1957-1958. Le projet Boucherville Developments Ltd

EN 1956, la compagnie Boucherville Developments Ltd. acquiert une partie du lot 39 voisine du domaine de la Villa de La Broquerie, maison de retraites propriété des jésuites de la compagnie de Jésus.
La firme montréalaise est opérée par deux jeunes hommes provenant de New York. Dave Sciortino et Eddy Faillace construisent d'abord, en 1957, très rapidement une quinzaine de maisons dans les rues parallèles Jean Cadieux et de la Broquerie.
Puis, en 1958, ils ajouteront quelques maisons de l'autre côté du ruisseau Sabrevois et près de la voie ferrée dans les rues Marguerite-Bourgeoys, Jean-Vinet et Louis-Robert.

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Au plan architectural, les maisons construites correspondent à la définition usuelle de bungalow, soit un bâtiment de plain-pied ayant un pan allongé.
Ici, on trouve deux modèles qui se distinguent par l'orientation donnée au pan plus long. Ou bien il est en facade parallèle à la rue, ou bien il est parallèle à la ligne latérale du terrain et alors la facade avant présente un pan plus court à la rue. Ce deuxième modèle est doté d'un abri d'auto, le fameux carport qui protège non seulement l'auto mais aussi une entrée latérale.
Les deux séries d'images qui suivent illustrent les deux versions.

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À l'intérieur, on trouve les principaux éléments de confort qu'offre la modernité de l'époque;
un salon /salle de séjour doté d'un foyer;
une cuisine moderne avec nombreux cabinets de rangement, dessus de comptoir en «arborite»;
trois ou quatre chambres à coucher;
une salle de bain complète avec tuiles céramiques et accessoires de couleur assortie;
un sous-sol chauffé pouvant être aménagé en salle de jeu ou chambre supplémentaire.
Les maisons sont équipées d'un chauffage à air chaud central , une plomberie en cuivre et un réservoir à eau chaude électrique.

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1959-1965. De la Broquerie à la Seigneurie.

Boucherville Developments Ltd. entreprend de développer la partie sud du lot 39 à partir de la voie ferrée et du futur boulevard du Fort Saint-Louis vers l'actuel boulevard de Mortagne.
Dans un article daté du 10 septembre 1959, le journal Le courrier du Sud fait état de l'ambitieux projet où sera construit «au cours des cinq années suivantes quelques [sic] 1500 maisons ainsi qu'un centre d'achats et communautaire.»
Le centre d'achats La Seigneurie sera construit en 1966 sur le boulevard du Fort-Saint-Louis et le centre communautaire de la paroisse Saint-Louis en 1968, rue Tailhandier.

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On verra dans ce qui suit que ce développement a été réalisé en trois périodes.

La Broquerie: rues Jean-Cadieux, de la Broquerie, Marguerite-Bourgeois
Au sud du CN: rues Père Marquette, Sabrevois, Monseigneur-Taché, Marie-Chrétienne
Début de La Seigneurie: rues Thomas Pépin, de Brullon, Jeanne-Petit, François Séguin
La Seigneurie des rues de Jumonville jusqu'au boulevard De Mortagne

1959-1960. Au sud de la voie ferrée.

La première phase se déroule entre 1959 et 1960. Messieurs Sciotino et Faillace construisent d'abord un ensemble de maisons dans le secteur situé entre le boul. du Fort Saint-Louis et la rue Marie Chrétienne.

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On retrouve dans l'ensemble de 80 maisons des variantes des deux modèles utilisés dans le secteur de la Broquerie.

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D'autres modèles sont introduits, notamment différentes versions de split-levels.

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1961-1962. Lancement de la Seigneurie.

Poursuivant le développement du lot 39 vers le sud, Boucherville Development Ltd. lance dans les rues Thomas Pépin, de Brullon, François Séguin et Jeanne Petit un nouveau projet qu'il nomme La Seigneurie.

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Selon un prospectus des promoteurs, le projet La Seigneurie se veut un développement de prestige. On le rattache à la réputation de Boucherville qui se voulait un lieu de «Villégiature recherchée de l’élite montréalaise d’antan comme en font foi les luxueuses villas noyées de verdure qui lui ont conservé un cachet de dignité sereine.»
On fait aussi valoir que «le secteur est réservé à la grande propriété. Le plan directeur prévoit des subdivisions de terrain de 10,000 ou 20,000 pieds carrés et même une acre, où s’élèveront, au goût des propriétaires, des maisons de $17,500 et plus.» Dans des journaux, on prévoyait la construction de 1500 maisons, d'un centre communautaire et d'un centre d'achats dans les cinq années à venir.
Bien qu'il soit tout neuf, le secteur est déjà doté de rues pavées, de trottoirs et de tous les services sanitaires. Il est aussi commodément situé à proximité du Club de golf et du fleuve.
Une nouveauté: l'utilisation du gaz naturel pour la cuisson et pour le chauffage de l'eau et de la maison assurera un excellent confort comme dans «les constructions canadiennes et américaines.»

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Dans le même prospectus, on offre un choix parmi trois différents modèles de maisons.
Provincial, un plain-pied / bungalow;
Chalet, un split-level;
Georgian, un cottage.

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En 1961, l'Association des constructeurs d'habitations du district de Montréal choisit de tenir son Festival et Parade d'Habitations à Boucherville.
Dans la brochure du Festival, les promoteurs Sciortino et Faillace présentent deux de leurs modèles de maison.
On trouve aussi dans la même brochure des propositions d'autres constructeurs qui achètent des terrains à Boucherville Developments Ltd.
Par exemple, Villeroy Construction et Canadiana Homes Inc. qui annoncent des bungalows et Brandon Construction Inc. qui offre des maisons semi-détachées.

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La maison de demain

L'attraction principale du festival est la maison de demain.
C'est une habitation conçue par le célèbre architecte québécois Roger D'Astous.
Le bâtiment se démarque totalement des autres habitations de la rue Jeanne Petit où elle est située.

Une annonce publiée dans le journal La Presse disait:
"Remplie d'idées nouvelles et pratiques"
"Elle... vous fera mourir d'envie"

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Depuis sa construction, la maison a été l'objet de nombreux reportages et articles.
L'association DOCOMOMO «vouée à la connaissance et à la sauvegarde de l'architecture novatrice du XXe siècle au Québec» a publiée, dans une page de son site internet, une excellente description architecturale de la maison dessinée par Roger D'Astous.
Lisez la description de DOCOMOMO

1963-1965. La Seigneurie rejoint de Mortagne.

La troisième phase du développement du lot 39 est comprise entre les rues de Jumonville et le rang du Pays Brûlé (boulevard de Mortagne). Traversé par la rue de Brullon, l'ilot contient les rues des Monseigneurs de Belmon, Tabau, Laflèche et Charbonneau.

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Pour ce secteur, le promoteur continue à proposer ses propres modèles de maisons et vendre des terrains à d'autres constructeurs notamment à la compagnie Monkland Construction Ltd.
Par la suite, les rues à l'est de de Brullon seront progressivement développées jusqu'au boulevard de Montarville.

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Ayant complété leur projet La Seigneurie, Messieurs Sciotino et Faillace créeront en 1965 une nouvelle compagnie dans le but, comme le rapportait un article du journal local, de développer un nouveau secteur au sud du rang du Pays Brûlé aujourd'hui devenu le boulevard de Mortagne.

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...les voisins

En même temps que les secteurs de la Broquerie puis de la Seigneurie se développaient, un autre secteur nommé Villeroi et situé un peu plus à l'ouest prenait lui aussi forme. D'abord au nord de la voie ferrée dans les rues Cicot et Bachand puis au sud dans le quadrilatère des rues des Îles-Perçées, Louis-J.-Lafortune, Tailhandier et le boulevard du Fort-Saint-Louis.
En gros, les deux ensembles se distinguent sur deux plans.
Alors que les maisons de la Seigneurie sont majoritairement des cottages sur deux niveaux ou des split-levels, dans Villeroi on trouve presque exclusivement des bâtiments de plain pied, des bungalows. De plus, on constate une plus grande homogénéité architecturale dans Villeroi et cela est dû au fait qu'un seul et même architecte, Monsieur Normand C. Gagnon a non seulement conçu dès 1958 le plan de lotissement de l'ensemble, mais qu'il a aussi proposé une série de modèles de maisons à ériger sur chaque lot et que ces modèles partagent tous plusieurs caractéristiques communes. Pour en savoir plus à ce propos, consulter la page consacrée au secteur Villeroi / Des Îles-Perçées sous le menu secteurs d'intérêt dans le menu au haut de cette page.
L'autre différence entre les deux secteurs porte sur la clientèle visée. La Seigneurie s'adresse manifestement à des clients plutôt aisés financièrement. Comme on l'a vu précédemment son prospectus évoquait le prestige des «luxueuses villas noyées de verdure» d'antan et les prix annoncés varient entre 12 500$ et 50 000$ pour des terrains «de 10,000 ou 20,000 pieds carrés et même une acre...»
Du côté de Villeroi, ce sont des lots uniformes de 6000 pieds carrés et des prix de maisons beaucoup plus abordables autour de 11 000$ à 14 000$.

Depuis les années 1970, les deux ensembles ont progressivement été entourés d'autres secteurs de quelque milliers d'habitations si bien que maintenant l'appellation La Seigneurie désigne un immense quartier compris entre les boulevards de Montarville, de Mortagne, Industriel et Marie-Victorin.

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