Denis Lehoux
de village à banlieue un bungalow c'est... médiagraphie contact

Denis Lehoux

…le bungalow ... s’avéra le royaume exclusif du constructeur-développeur. Ce dernier prit le nom au Québec de « contracteur ». Ouvrier plutôt que développeur ou promoteur, il n’achetait guère que quelques terrains à la fois (voire un seul) pour y bâtir une maison, finançant chaque nouvelle maison grâce aux liquidités obtenues de la vente de la précédente.

Lucie K. Morisset et Luc Noppen

Portrait d'un contracteur

Denis Lehoux est l'exemple parfait du contracteur québécois typique.

En février 2020, il nous a parlé des débuts de son entreprise dans les années 1960 à 1970 à Bpucherville.

Nous lui avons d'abord demandé combien de maisons il avait construit?

M. Lehoux est originaire de la Beauce qu'il a quittée tôt à l'adolescence. Dans la vingtaine, il est menuisier à l’emploi d’une firme de construction de l’ouest de Montréal, à Roxboro. Puis, il construit, à son compte, quelques habitations à Pont-Viau où il habite.

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Qu'est-ce qui vous a amené à Boucherville?

Rencontrer M. Aimé Racicot en 1959 lui a permis de constater que le développement domiciliaire était en pleine effervescence dans différents secteurs de la ville.
À l’est, quelques compagnies montréalaises comme Two Sixty Corp. et Beaurivage Gardens Inc. construisaient de petits bungalows. Cette dernière laissera d’ailleurs son nom au quartier.
À l’ouest, ce sont les secteurs La Seigneurie et Villeroi qui sont développés.

Entre 1960 et 1970, M. Lehoux réalisera trois différents projets de construction.

Louis-H.-Lafontaine

Au sud du village, M. Racicot avait commencé à subdiviser des terres agricoles qu'il avait acquises. En juillet 1960, Denis Lehoux lui achète des terrains situés près de l’emplacement de l’ancienne conserverie J. T. Lassonde connue à l’époque sous le nom de «la cannerie ».

Au cours des trois années suivantes, jusqu’en 1963, il construira une trentaine de maisons sur les rues Louis-H.-Lafontaine, Du Puits, De Lavaltrie et De Laperrière entre les rues Antoine Girouard et Jean- Baptiste Bau.
Un modèle en particulier se démarque dans cet ensemble : une maison dont la toiture n'a qu'un seul versant. C’est d’ailleurs une maison de ce modèle dont M. Lehoux a fait sa résidence dès 1960 et où il a vécu pendant 59 ans.

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Boucherville connaît à cet époque un essor important: les projets de routes et de ponts, sa désignation de Banlieue de l'année et le succès d'une parade d'habitations en 1961 attirent de plus en plus de nouveaux propriétaires.

Le Caroussel

En 1963, Denis Lehoux se joint à six autres contracteurs qui tout en demeurant autonomes s’unissent pour développer et faire la promotion d’un nouveau secteur situé à l’est de la rue de Montmagny. Ils nomment le projet Carrousel.

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M. Lehoux y construira jusqu’en 1967 des dizaines de maisons de différents modèles dont celui de la maison de la famille Guilbault.

Madame Guilbault nous a raconté son arrivée à Boucherville en 1964.

CONSULTEZ la page Chez Maman Guilbault

Les Jardins Boucherville

Les années du Caroussel ont permis à M. Lehoux de développer des liens d’amitié avec les contracteurs Gaston Touchette et Jérôme Comeau. En 1965, ils s’associent dans une compagnie nommée Les Jardins Boucherville Inc. et achètent la terre 40 située dans l’ouest de la ville entre les rues Monseigneur-Taché et des Îles-Percées. La terre est vacante et bordée par deux îlots déjà en développement depuis la fin des années 1950 : à l’est La Seigneurie et à l’ouest Villeroi.
Les trois associés y construisent en trente mois, de 1967 à 1970, quelque 260 maisons sur les terrains qu’ils se partagent dans les nouvelles rues Gilles-Bolvin, Thomas Pépin, Philippe-Musseaux, Benjamin-Sulte, De Jumonville, Marquis-de Tracy, Octave-Crémazie, De Saintonge et Jean Bruchési.

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Être contracteur

Comme contracteur, il se charge de toutes les fonctions et tâches de son entreprise.

Pour l'achat des terrains et le financement des travaux , il doit transiger avec les institutions bancaires et obtenir les permis de la municipalité.

En plus d'exercer son métier de menuisier, il dirige son équipe d'ouvriers.

Aviez-vous plusieurs employés?

Il se charge de la gestion du chantier et des relations avec les sous-contractants et voit à l'approvisionnement en matériaux. Ses principaux fournisseurs étaient Val Royal, Denis Racicot et Létourneau de Longueuil.

Il voit au suivi des plans et s'assure du respect des normes imposées par la Société centrale d'hypothèques et de logement (SCHL)

Où et comment vous procuriez-vous les plans de construction?

En plus, il assure lui-même la promotion et la vente des maisons.

Qui étaient vos clients et d'où provenaient-ils?

Nous avons aussi abordé la question du prix des maisons. Rappelons qu’à l’époque les gouvernements encourageaient fortement l’accès à la propriété notamment par le biais de la SCHL pour le fédéral et qu’il y a eu un programme de réduction du gouvernement provincial du taux d’emprunt hypothécaire pour la construction en hiver.
Monsieur Lehoux nous a rappelé que ses clients disposaient souvent de moyens modestes et que ses marges de profit étaient très minces.

Est-ce que les clients avaient des demandes particulières?

Pendant les vingt années suivantes, Denis Lehoux a continué à bâtir quelque 300 maisons de plus dans différents projets dont Les Jardins Sabrevois dont il a été l'un des instigateurs à l'est du boulevard Montarville entre la route 132 et le boulevard De Mortagne. Puis, le domaine Corbeil, près du fleuve autour de la rue Charlotte-Denys. À ces réalisations se sont ajoutées, au cours des années, quelques constructions commerciales et industrielles.
Il a aussi oeuvré au sein de l'Association des constructeurs de Boucherville et de diverses institutions de la communauté dont la Caisse Desjardins.
En 1991-1992, il s'est retiré des affaires.

Monsieur Lehoux réside toujours à Boucherville, ville qu'il a grandement contribué à construire et à transformer.