Lorsqu'ils y déménagent, la maison des Dion, est entourée de terrains vacants. De leur
côté de la rue Tailhandier, il n'y a qu'une seule autre maison un peu plus au sud qu'on
aperçoit dans
le coin supérieur droit de la photo de gauche. C’est celle du vétéran Collins.
Dans cet environnement un peu désert et adossé à des champs, Yollande Rousseau a trouvé
difficile l'adaptation à la vie de banlieue naissante.
Écoutez ce que
nous en a dit sa fille.
En 1962, trois maisons sont construites sur le boulevard du Fort Saint-Louis. Elles apparaissent en second plan sur la deuxième photo. La même année, le terrain voisin immédiat des Dion est acquis par un Monsieur Laramée, qui y fait construire lui aussi une maison du modèle 259 et dont la façade est sur la rue Hugues-Pommier.
Puis, très rapidement de nouveaux voisins viennent s’établir autour d’eux. Selon ses
souvenirs, Sylvie Dion croit que seul son père a bâti lui-même sa demeure
alors que les voisins ont plutôt fait affaire avec des contracteurs.
Du côté est de la rue Tailhandier, on compte déjà une quinzaine de maisons. Depuis 1955
quelques compagnies de construction développent le quadrilatère entre cette rue et celle des
Îles-Percées. Longtemps, les résidants ont eu l’habitude de nommer le secteur
Villeroi.
La plupart des maisons de cet îlot sont des variantes plus ou moins semblables de la maison
des Dion c'est-à-dire qu'elles ont un long pan en façade donnant sur la rue et une toiture à
pente très
faible. Elles correspondent à des modèles trouvés eux-aussi dans les catalogues de la SCHL.
Trois cas particuliers à noter. Un cottage rue Hugues-Pommier dont on trouve le modèle K-54
dans le catalogue de 1954 de la SCHL. Une maison du modèle 753 dont on trouve des
exemplaires dans plusieurs secteurs de la ville et enfin une maison de la rue Tailhandier
construite en
1960 dont le toit à quatre pans est unique dans l'îlot.
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vie de quartier
Dès 1965, tous les terrains de l'îlot sont occupés et les Dion ont pour nouveaux voisins les Cornellier, Lemieux, Desmarais, Dansereau, Beaudry, Poirier, Baril, Rivard, Morin, Lafrance, Payette, Legrand, Morin et Scholey entre autres. Tous ont profité du même programme d'aide aux vétérans.
Comme c'est souvent le cas encore aujourd'hui, c'est par les amitiés entre les enfants que la vie de quartier a pris forme et s'est développée comme l'a mentionné Sylvie.
Elle se rappelle aussi qu’en raison de leur statut lié à leur passé de vétérans plusieurs voisins de l’îlot ont développé des liens solides et certains se sont même liés d’amitié.
Parmi eux, M. Laurent Rivard aura été très actif dans sa communauté en devenant conseiller municipal et aura contribué à créer la Filiale 266, Pierre-Boucher de la Légion royale canadienne.
Les enfants fréquentaient tout près l’école Pierre-Boucher ouverte en 1961. Celle-ci a d'ailleurs été construite sur une partie du lot 43 destinée aux anciens combattants et acquis par la Municipalité Scolaire de Boucherville. En 1964, elle en vendra une partie à la Fabrique de la paroisse Saint-Louis pour y construire le Centre communautaire inauguré en 1968. À partir de 1966, on pouvait aller faire les courses chez Dominion et le magasin La Salle du très moderne centre d’achats intérieur La Seigneurie.
C'est donc là et ainsi que s'est développé cet îlot d'une vingtaine de maisons construites par et pour des vétérans de la Seconde Guerre Mondiale comme Marcel Dion. On a peut-être oublié avec le temps son caractère particulier. Dans la mémoire des Bouchervillois, il s'est fondu petit à petit d'abord dans le secteur Villeroi lui-même absorbé plus tard dans la zone qu'on désigne aujourd'hui la Seigneurie.
On prend de plus en plus conscience aujourd'hui qu'une maison, qu'un ensemble de maisons comme celui qui a été décrit ici c'est un milieu de vie qui a son histoire particulière.
Un bungalow n'est peut-être pas qu'un bungalow.
À ce sujet, laissons le dernier mot à Sylvie Dion.